Cela fera bientôt 10 ans que je suis dans l'agriculture et c'est une vie qui me passionne toujours autant. J'aimerais vous faire découvrir un mouvement auquel je m'intéresse depuis peu et qui semble se rapprocher de ma vision d'une vie plus simple (..."pour que simplement les autres vivent" disait Ghandi) : le "homesteading". J'ai parfois besoin de regarder la vie des autres pour retrouver un peu de courage et me rappeler le sens profond de mes actes quotidiens. Dans ce mois très intense de juillet, ma curiosité m'a conduit vers un concept que je ne connaissais pas du tout : le "homesteading". Je vous raconte ici mes découvertes.
Dans mon premier épisode de podcast (que vous pouvez trouver ici) je vous racontais comment j'en étais venu à travailler dans une ferme. Cela est venu d'un seul livre : "Revivre à la campagne" de John Seymour. C'est un livre très généraliste qui traite de multiples sujets pour mener une vie un peu plus autonome en produisant la nourriture et les biens de première nécessité. Vivre de la terre, mais pas vraiment dans le sens profession agricole.
Mes recherches sont venues d'un questionnement personnel sur ma vie et le sens de celle-ci. Qu'est-ce que j'aime "vraiment", s'il n'y avait qu'une seule réponse ? Pourquoi je le fais ? Ce mois de juillet a été assez prenant et décourageant. C'est pourquoi j'aime revenir aux bases, au fondement de ce qui m'a poussé à faire ce que je fais aujourd'hui. Toujours avec cette idée d'être plus autonome, de faire les choses moi-même. J'aime beaucoup le fait que chaque chose, outil, ustensile soit utile mais aussi qu'elle est une certaine beauté. Je ressens des émotions et ça m'attire vraiment de jolis pots de confiture avec une belle étiquette, ou une chemise cousue à la main avec de jolis boutons... Ça me parle, c'est ça qui me plaît, c'est ça que je veux faire tous les jours et vivre dans ces objets vivants de leur histoire. Mais comme on ne peut pas tout faire, je m'imposais des limites imaginaires.
J'en suis finalement arrivée à la conclusion que j'étais quelqu'un de "généraliste". Je ne suis pas du tout quelqu'un de spécialiste. Je m'intéresse à beaucoup de sujets qui ont un peu tous le même fil conducteur : vivre plus simplement, de manière autonome. Mais je voulais une case, quelque chose de défini, avec des limites claires pour me glisser dans cette définition et ce modèle. Et savoir enfin pour longtemps qui je suis et pourquoi je fais ce que je fais. Une réponse précise qui tiendrait longtemps...
Mais la vie est plus complexe ! J'ai trouvé, en allant sur des blogs pour trouver des recettes, des idées, un terme qui revenait souvent et qui m'a interpellée, c'est le terme "homesteading". C'est un petit bout de moi que j'ai trouvé dans ces blogs. Et c'est un peu plus "rassurée" que je me dis que tout est possible. Qu'il faut suivre son chemin même s'il paraît s'éloigner des sentiers battus et vous mener vers l'inconnu.
Ce terme "Homesteading" a piqué ma curiosité et j'ai commencé à faire des recherches. La première chose que j'ai voulu faire fut de trouver la traduction en français de ce mot. Je dois dire que je n'ai pas trouvé ! Il n'y a pas de traduction littérale pour ce terme et le concept qu'il représente. C'est un terme qui vient des États-Unis et voici son origine.
La première définition que j'ai trouvée sur Wikipédia concerné le Homestead Act. C'est une loi de propriété fermière qui est entrée en vigueur en 1860. Les États-Unis permettent à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans dans revendiquer la propriété et ce dans la limite de 65 hectares. Si la famille vit depuis au moins 6 mois sur une terre elle peut aussi acheter le terrain à un prix relativement faible". Le but de cette loi était de distribuer des terres pour permettre l'agriculture et elle joua un rôle important dans la conquête de l'Ouest américain. Elle a encouragé des millions d'Européens a émigré vers les États-Unis et à s'installer sur ces terres parfois très difficiles à cultiver.
Voilà la définition historique. De nos jours, le concept du "homestead" se rapproche du mouvement du "retour à la terre", de résilience, d'autosuffisance, avec une idée de propriété privée où l'homme est capable d'influencer la nature pour se loger, se nourrir, se vêtir. Il est difficile de définir ce concept précisément parce qu'il y a plusieurs formes et plusieurs visions au sein de ce mouvement.
En faisant mes recherches, j'ai croisé le chemin d'autres mouvements. Le mouvement "hors réseau", le mouvement de l'autosuffisance (alimentaire hydrique économique médicale énergétique). Les mouvements des eco-villages, la décroissance, le survivalisme. Tous ces mouvements ont le même fil conducteur, mais celui auquel je me suis le plus identifié (avec des différences quand même) c'est celui du homesteading ou farmsteading plus précisément.
Pour moi, c'est l'activité principale d'une famille pour se nourrir, se loger, se vêtir avec les produits de la ferme. C'est un système autonome qui permet à un foyer de pouvoir à tous ses besoins primaires. En travaillant avec la nature dans une conscience aiguë des besoins de ce système ferme-foyer. Voilà ma vision du homesteading.
Des fois, j'aimerais trouver un mot qui puisse me résumer et résumer ce que je fais. La vie à la ferme c'est un petit peu ce qui me résume. Mais c'est très large et c'est en même temps un univers très petit!
J'en suis venu à cette vie pour vivre le plus simplement possible, pour donner du sens à chacun de mes gestes quotidiens. Et pour moi ça passe par activités manuelles, mais aussi une recherche intellectuelle voire spirituelle. Cette vie me permet de me nourrir le plus sainement et le plus localement possible. De cultiver des céréales, des légumes, quelques fleurs... Elle me permet de d'élever mon enfant selon les images que j'avais, les rêves que j'espérais pour ma famille. Elle me permet également de m'épanouir spirituellement, d'avoir une paix intérieure une tranquillité d'esprit et également d'avoir un corps actif et dynamique. Cette vie me permet d'avoir un équilibre dans tous les domaines de ma vie. Et elle est mon moyen d'expression, de création. Elle est aussi d'une certaine manière mon ermitage, un lieu de recueillement loin de l'agitation humaine. Elle me permet d'être en relation étroite avec les saisons, les animaux que j'élève.
Et c'est tout cet équilibre qui me tient énormément à cœur. Je ne veux pas brosser un tableau idyllique de cette vie, car c'est vrai que c'est souvent fatiguant, épuisant. Ce n'est ni lisse ni brillant. Le froid, le chaud, la boue, la poussière, les charges lourdes, les soucis financiers, les aléas climatiques, produire, vendre, construire, réparer et recommencer année après année.
Je me sens dépassé souvent, mais j'ai l'impression d'être l'aiguille d'une balance en fait et de devoir me nourrir physiquement et spirituellement de bonnes choses et de choses que je peux faire moi-même. La question qu'on se pose souvent avant de faire un choix de consommateur, c'est de savoir d'où ça vient ? Qui a fabriqué cet objet? Est-ce que la personne l'a réalisé dans des bonnes conditions ? Est-ce qu'il est heureux de le faire ? Et la deuxième question c'est où ça va ?
Ce qui est aussi très intéressant dans cette vie à la ferme, c'est la saisonnalité. Cela me tiens beaucoup à cœur parce que je suis rendu compte qu'en travaillant quelques années j'aimais beaucoup le temps hivernal, plus calme, plus posé. Et puis il y a le temps estival, très énergique, beaucoup de travail pour préparer l'hiver! J'aime ce rythme de vie.
Ce qui m'intéresse aussi, c'est le fait d'avoir une activité manuelle "alimentaire" donc le jardin, les animaux, mais ça me permet aussi d'avoir un petit bout de terre où je peux mettre des fleurs pour les tisanes. Cela me permet aussi d'avoir une activité de création. Mon activité avec la laine est vraiment une passion et je suis vraiment ravie de pouvoir élever des animaux qui produisent de la laine et de travailler avec cette matière. C'est vraiment une chance et puis une fierté aussi d'ouvrir le tiroir à chaussettes et de voir que des chaussettes tricoter à la main ou à la machine avec des laines de chez moi, de mes animaux! Mais c'est vraiment un tout. Je n'aimerais pas que faire de la laine ou que de la viande ou que des légumes. La vie à la ferme est un ensemble complexe de végétal et d'animal, de sols et d'eau.
Je trouve les savoirs d'autonomie et les savoirs paysans passionnant. J'aime faire beaucoup de choses par passion, conviction, idéal et ce métier où l'on doit être extrêmement polyvalent avec des domaines de connaissances aussi variés permet de rester curieux, à l'écoute et dans l'échange.
Voilà ma vision d'une vie à la ferme, ce que ça m'apporte. Je serais ravie de savoir dans quelle "case" vous vous mettez ? Si vous en trouvez une!!!
Je vous mets quelques liens vers des blogs anglais que j'aime bien et qui m'inspirent.
BLOGS
Life at Cobble hill farm
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